Camille Bonnevial, 28 ans : graphiste food lyonnaise, exfiltrée en pays catalan

Christine Le Bruchec, aka Lola
11 min readDec 13, 2020

J’ai connu Camille “Pluton” via la page Facebook de Livementor en 2017 et, sans la connaître IRL[1] (j’étais à Paris, elle vivait à Lyon), j’ai tout de suite eu un bon feeling. Celui d’une p’tite meuf bien dans son mini short et son époque, qui voyageait sans chichis entre l’Asie, la France, l’Espagne, tout en bossant efficacement depuis son laptop, entre playa et smoothies mangue.

Autre élément remarquable : alors que tant de jeunes entrepreneur(e)s font l’erreur d’être des couteaux suisses et ne savent comment se présenter (nom propre ou nom de boîte), Camille avait sans hésiter associé son prénom à celui de sa boîte : PLUTON, et elle s’était d’emblée spécialisée dans la food en posant très clairement les bases d’un univers à la fois tonique et gourmand. Il y avait dans tout ce qu’elle créait quelque chose de sincère et frais, coloré et fun, engagé mais pas barbant. Cela n’était pas pour me déplaire !

Printemps 2020, c’est le confinement. Camille est à Barcelone, moi en Lorraine. Elle fait du yoga en ligne et vend des t-shirts sur sa boutique Etsy. Coup de foudre ! je lui en achète un — son tout premier ! — un t-shirt blanc tout simple avec le fameux mot d’Adèle Haenel sur le sein, « Ecœurée » en lettres bleues très sages, et brodées. Décembre 2020 : je poste 4 portraits d’entrepreneures. Tout naturellement, je pense à Camille ! Installée à Sitges en bord de mer au sud de Barcelone, où en est-elle dans son éco-food-life à présent ?

[1] IRL : in real life

Camille, graphiste food : un air espiègle pour un graphisme appétissant

Coucou Camille ! Alors, comment ça se passe à Sitges ? Hablas catalan ? Sitges est-il un spot que tu recommanderais à d’autres digital nomades ? (infrastructures, ambiance, communauté)

Hello !

« No hablar español » ahah. Difficile d’apprendre à parler espagnol (et catalan encore pire) quand tout le monde te parle Français ! J’en oublie que je suis en Espagne.

J’adore Sitges, hotspot de surf (bon moi je surfe pas) et ville mignonne à souhait, super bien placée entre mer et parc naturel. Je recommande pour le cadre de vie, mais pour l’entreprenariat ce n’est pas le meilleur endroit, il y a peu de coworking (ou alors c’est assez cher) et c’est plutôt une ville de « vieux ». Je n’y ai pas encore rencontré d’entrepreneur digital (mais le Covid m’a mis des bâtons dans les roues). Pour l’ambiance, ça à l’air top, mais je suis arrivée ici en 2020 donc je ne peux pas vraiment témoigner !

Tu ne vis pas seule, mais avec ton chat et ton copain. Vous êtes tous les trois en mode expats, ou vous êtes super bien intégrés ? (ton chat mange des croquetas au petit déjeuner)

On est vraiment des gros nazes de l’intégration ! Ahah. Mon chat n’aime personne donc pas de rencontre de sexy matou. Mon copain travaille dans une boite américaine et s’est fait majoritairement des potes français (ou européens parlant anglais), mais aucun espagnol ! Quant à moi, je me suis bien intégrée à la sphère des entrepreneurs… français de Barcelone !

Par contre pour ce qui est des tapas à partir de 21h, ou la sieste après le lunch, on adhère bien! ;)

Tu es Graphiste food, « au service de la transition alimentaire et du bien manger » : d’où te vient cette passion ? Une grand-mère, As en cuisine ? Tu aimes la bonne bouffe depuis tout bébé ?

Pas du tout ! J’étais celle qui ne finissait jamais son assiette !

Mais depuis que je suis grande, je me suis trouvée une passion pour les packagings dans les supermarchés, puis une passion pour les jolis restaurants « bobo » qui présentent bien. C’est à partir de ce moment là que j’ai aimé manger. Rendre le monde un peu plus green tout en mangeant beau et bien, je ne demande rien de plus ! :)

Depuis que tu as monté ta micro-entreprise, tu as l’air de tout entreprendre et réussir avec facilité : c’est juste une impression, ou bien ? Est-ce que tu te fais accompagner / coacher pour développer ton business ? Quel est à ce jour, dans ta vie d’entrepreneure, le plus gros bloquage que tu as eu à affronter / dépasser ?

C’est CLAIREMENT une impression ! J’ai beaucoup ce genre de retour, peut être que je ne parle pas assez de mes difficultés sur Instagram, et il faut que j’y remédie ! Ma vie d’entrepreneur n’est pas du tout un long fleuve tranquille, car je commence à peine à développer une vraie âme d’entrepreneur.

J’ai un peu commencé sans stratégie, sans rien connaitre de ce monde. Heureusement, je me suis formée avec LiveMentor quelques mois avant de me lancer, ce qui m’a permis de mettre en place LA chose la plus importante : ma spécialisation (food, donc). Mais c’est bien tout ce que j’avais comme « stratégie » les 2 premières années. J’ai passé deux ans à attendre que mes clients viennent, tout en étant quasiment un mois sur deux en vacances ! C’était très relax, mais ce n’est pas ça qui allait rendre mon business successful !

Camille Bonnevial dans sa cuisine, pour une com visuelle aux petits oignons

Depuis, j’ai bien compris les enjeux de l’entreprenariat. J’achète régulièrement des petites formations d’Antoine BM, et surtout, je me suis offert la formation « Digital Revenue » de Valentine Helsmoortel, qui à complètement changé mes objectifs, ma façon de travailler et ma vision de Pluton. J’ai beaucoup plus d’ambition maintenant, et cette formation date juste de septembre, alors attendez-vous à me voir casser la baraque l’année prochaine ! Ahahah

Pour mon plus gros blocage… je ne saurais pas te dire, j’avais 25 ans … je suis vraiment partie de rien. J’avais super peur d’avoir des clients au téléphone : ultra bloquant. Mais je l’ai dépassé. J’avais super peur de rentrer dans la technique, avec ces histoires de tunnels de vente, de newsletter, de plugins Wordpress… J’ai dépassé ça. Super peur de parler de moi, dépassé. Super peur d’investir pour Pluton, dépassé. On se dépasse sans cesse quand on est entrepreneur, non ?

Raconte-nous tes journées. Plutôt à la cool, ou tu as des combines, tes routines pour mieux « performer » et — du coup — ne pas louper l’apéro sur la plage ?

Moi je fonctionne par période. Je m’écoute, et je déteste les techniques des accros de l’organisation. Parfois je bosse toute la matinée sans sortir du lit et je me sens bien détendue, parfois j’ai fini une grosse tache à 16h et je m’arrête là, pour profiter de la plage ou me lancer dans une activité manuelle. Parfois je me mets en condition machine de guerre et je bosse jusqu’à 21h… Ça dépend pas mal, des périodes et de la quantité de travail que j’ai envie de fournir.

En tout cas, j’ai TOUJOURS mon planning de la semaine sous la main, au format papier, pour noter toutes mes tâches et mes rdv, ça m’aide beaucoup. Et je ne commence jamais à travailler après 9h/9h30. JAMAIS.

C’est quoi le truc — high tech ou pas — qu’il faut absolument mettre dans son sac à dos ou sa valise cabine quand on est graphiste food nomade ? Des batteries de rechange ? Des fruits secs, des boissons énergisantes ? la photo d’un chef lyonnais étoilé ?

Mon carnet pas du tout high tech qui fait calendrier hebdomadaire ou mensuel (je conseille très fort tous les carnets de la marque Octagon Design), mon carnet pas du high tech de prise de note (j’adore ceux de chez HEMA), mon MacBook Pro 13’ (ça passe partout ce format là), mon iPadPro et son stylet, ma Kindle (ok là je commence à me rendre compte de ma non-originalité) et une gourde pour ne pas succomber à la bouteille plastique ! Et un chargeur bien sûr, le mien me permet de charger mon ordi, mon iPad et mon téléphone sans changer d’embout, la magie de l’usb-c !

En plus de tout ca, j’ai toujours sur moi un stylo bille, 2 feutres et 3 ou 4 surligneurs, pour m’y retrouver dans mes notes.

J’ai toujours à manger dans mon sac également, cette semaine j’ai trimballé mon Banana Bread absolument PARTOUT (j’ai toujours peur d’avoir faim, je pense qu’un psy pourrait tenter d’analyser ça ahah).

Et bien sûr, toujours la photo de Paul Bocuse pas loin ;)

Comment as-tu vécu le premier confinement à Barcelone ? Pas de jardin, pas de ramblas. C’était quoi ton astuce pour booster ta créativité ?

Honnêtement, j’ai adoré ! J’habitais dans une « grotte », j’ai tellement eu peur des conséquence négatives que ça pouvait entrainer, que j’ai redoublé de créativité ! J’ai aménagé mon appartement pour avoir la place de faire du sport, et ça a été un rendez-vous quotidien. Sport, cuisine, ouverture d’une boutique Etsy, pause au soleil à 11h05 sur le bout du bout de mon balconnet (le seul endroit à recevoir de la lumière), pique nique dans le salon, SPA dans la salle de bain, salon de massage dans la chambre, franchement, on s’est donnés !

Et je pense que tout ça à bien alimenté ma créativité professionnelle également.

Retour sur tes années de démarrage : avec ton expérience, qu’est-ce que tu recommandes aujourd’hui aux jeunes graphistes qui sortent d’école et se lancent ?

Le plus important : la spécialisation. Beaucoup ont peur de se fermer des portes mais c’est tout l’inverse ! Et ça n’empêche pas de travailler sur des sujets qui ne font pas partie de cette spa, simplement, il ne faut pas communiquer dessus. :)

En deuxième position : se former. J’ai l’impression d’avoir perdu 2 ans de ma jeune vie d’entrepreneur en cherchant des astuces à droite à gauche. Si c’était à refaire, je commencerais directement par m’offrir la formation de The BBoost par exemple, qui te permet de lancer ton business de la bonne manière, sans perdre de temps.

Que sont devenues tes copines de l’école de graphisme ? Elles bossent en agence ou freelance ? Elles sont devenues maman et ont tout arrêté ?

Aucune n’est devenue Freelance. Elles se sont chacune spécialisées, au fil de leur emplois, dans des métiers différents. Designer d’applications mobiles, UX designer, etc … Pas encore de maman, on a toutes plus ou moins la même vie, avec nos copains et nos chats. Pas non plus d’abandon de la filière graphique, c’est un métier de passion :)

Tu as aimé être étudiante ? Te verrais-tu enseigner ? Que penses-tu de l’enseignement à distance : pour les métiers graphiques, ça le fait ?

J’ai aimé la vie d’étudiante, mais je n’y reviendrais pour rien au monde. Les devoirs à rendre et à bosser durant le weekend, non merci ! Je ne me verrais pas du tout enseigner le graphisme. L’entreprenariat oui, car ce n’était vraiment pas inné chez moi et que j’ai bien vu le processus de développement, mais le graphisme, je ne saurais pas l’expliquer à des pro en devenir. Je donne simplement les bases à mes clients pour qu’ils puissent se débrouiller un peu seuls.

L’enseignement à distance pour le graphisme, je ne connais pas, mais l’idée ne me convainc pas…

Tu communiques sur Instagram : ça te ramène des clients ? Comment fais-tu pour prospecter ?

Oui ! Je ne communique plus que sur Instagram, et c’est le réseau qui me permet de me faire connaître, et quelque fois de vendre. A minima, cela me sert de vitrine, les gens qui tombent sur mon site peuvent se diriger sur mon Instagram pour voir mon travail, mes astuces, ma personnalité… J’aime beaucoup ce réseau, je viens d’ailleurs de repartir de 0 avec un tout nouveau compte, même pas peur ! (Mais si vous voulez quand même rejoindre ma toute mini nouvelle communauté, faites vous plaisir : @pluton_graphistefood)

Je ne prospecte pas… Je n’aime pas ça. Je créer du contenu sur Instagram, j’écris des articles de blog, j’ai mis mon alternante sur la stratégie Pinterest, mais je ne prospecte pas à proprement parler.

Se filmer de face sur Instagram pour parler à son audience semble être devenu un MUST. Facile / pas facile de se montrer ? C’est quoi la valeur ajoutée ?

Pas facile ! Mais important. On en dit davantage, on en montre aussi davantage sur sa personnalité, et en vrai, on gagne du temps !

Ceux qui me suivent aiment beaucoup me découvrir en face cam, c’est un peu plus personnel que caché derrière son écran, mais ce n’est pas facile de se lancer !

Comment vois-tu ton métier évoluer ? Crois-tu que les graphistes seront un jour remplacés par des robots ? Lol

Et avec des outils en ligne nouvelle génération tels que Canva ou DaVinci Resolve pour le montage, crois que la suite Creative Adobe, c’est fini ?

Je crois que le métier de graphiste n’est pas prêt de disparaitre. Les grosses enseignes feront toujours vivre les agences de comm’, et les plus petits business apprendront davantage à se débrouiller seuls (grâce à Canva notamment) mais auront toujours besoin de se faire accompagner/guider par quelqu’un dont c’est le métier.

Je me tourne davantage vers cet aspect d’accompagnement maintenant, car mes clients sont de plus en plus dégourdis et n’ont pas besoin forcément besoin de quelqu’un pour réaliser leur moindre désir graphique ;)

J’adore ces nouveaux outils qui sont très utiles pour mes clients, mais honnêtement, pour les professionnels de l’image, ils sont encore loiiiiin derrière Adobe. Que ceux-ci ne s’inquiètent pas, ahah.

PLUTON, glouton. Pluton : c’est Cosmignon. C’est aussi la planète de la métamorphose, de la régénération et du mystère : ça te correspond ?

Le mystère… pas trop ! Je suis plutôt l’inverse du mystère, si ça existe. Pour le reste pourquoi pas, c’est vrai que cette aventure entrepreneuriale m’a vu me métamorphoser plein de fois. Mais ce nom, je l’ai choisi sur un coup de tête avant même de me lancer, je dois avouer qu’il n’avait aucune réelle signification, je suis juste très intriguée par les astres ;)

Un extra-terrestre débarque à Sitges. Tu le croises sur la plage au petit matin quand tu sors t’aérer. Il essaie de communiquer avec toi. Tu ne parles pas son langage. Tu es graphiste. Comment tu fais ?

Je sors mon gun, direct. J’ai vu Mars Attack, on ne me la fait pas ! AHAH

Mes talents de graphiste ne me seraient d’aucune utilité si ce petit extraterrestre n’a pas les mêmes codes que nous. Alors je pense que je lui tendrais juste à manger, ça, ça fédère ! (Et rappelez-vous, j’ai TOUJOURS à manger sur moi)

Trois mots pour te décrire aux personnes qui se demandent comment c’est de travailler avec toi

Sympa (si si, vraiment !), Consciencieuse et Investie.

Mais trois mots c’est quand même court pour expliquer que je suis vraiment présente pour les accompagner de A à Z sur leur besoins en communication visuelle :)

C’est quoi ton tapas préféré ?

Les patatas bravas ! Surtout depuis que je suis devenue végétalienne et que ça ne me laisse plus trop le choix ;)

On fait comment pour voir ton book et te contacter ?

Je suis en train de refaire mon site, donc pour l’instant c’est bien le chantier mais il y a toutes les infos nécessaires sur www.pluton.co (revenez faire un tour en 2021 quand il sera tout beau tout neuf).

Et depuis mon Instagram @pluton_graphistefood (et en fouillant vous tomberez sur l’ancien, @camille_pluton qui est encore plus rempli !).

Je suis ultra connectée, alors whatsapp, insta, mail, je suis joignable de partout !

Voilou, c’est fini 🌈

!! UN GRAND MERCI CAMILLE !!

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Christine Le Bruchec, aka Lola

French author with a British twist. I love nature, ginger cats and music. Birth name Christine. Social name Lola. We are both up for socializing.